Le non coté : un choix d'investissement gagnant pour les particuliers

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L’attrait du non coté pour les investisseurs particuliers s’est renforcé ces dernières années, porté par des promesses de rendements attractifs. 

 

Autrefois réservé aux institutionnels, ce marché a progressivement été ouvert au grand public. Mais ces espoirs ont-ils été récompensés ? Une récente étude de l’Autorité des marchés financiers (AMF) livre une analyse détaillée des performances des fonds français d’actifs non cotés destinés aux particuliers.

 

Un marché aux multiples facettes

Le non coté englobe divers types d’investissements : participation au capital de sociétés non cotées (private equity), infrastructures (transport, énergie, santé) ou encore dette privée. 

Parmi les véhicules d’investissement les plus répandus, on retrouve les Fonds Communs de Placement à Risques (FCPR), qui ont une durée de vie moyenne de dix ans. Certains, qualifiés de « fiscaux », offrent des avantages comme une réduction d’impôt de 18 %, en contrepartie d’un engagement de conservation sur le long terme. Les Fonds d’Investissement de Proximité (FIP) et les Fonds Communs de Placement dans l’Innovation (FCPI) s’inscrivent dans cette catégorie en investissant respectivement dans des PME régionales et des entreprises innovantes.

 

Une autre variante a émergé récemment : les FCPR « evergreen », sans durée de vie définie, qui permettent une souscription et un rachat plus flexibles. À côté de ces fonds, on trouve également les Fonds Professionnels Spécialisés (FPS) et les Fonds Professionnels de Capital-Investissement (FPCI), généralement accessibles aux investisseurs avertis moyennant un ticket d’entrée élevé, souvent de 100 000 euros. Enfin, certains fonds d’investissement alternatifs (FIA) sont intégrés aux contrats d’assurance-vie, renforçant ainsi la présence du non coté dans les stratégies d’épargne à long terme.

 

Des performances en dents de scie

L’AMF a analysé la rentabilité des fonds non cotés jusqu’à fin 2023, mettant en lumière une hétérogénéité marquée des performances. Globalement, celles-ci restent inférieures aux rendements historiques observés chez les investisseurs institutionnels. L’étude met en garde contre l’illusion d’un alignement des performances entre ces deux catégories d’investisseurs.

 

Le rendement des FIP et FCPI s’avère particulièrement faible, avec des taux de -2,4 % et -1,1 % respectivement. Cependant, ces chiffres ne tiennent pas compte des avantages fiscaux associés. Les FCPR « classiques » affichent un rendement moyen de 2,4 %, mais lorsqu’ils investissent via des fonds professionnels, la performance grimpe à 7,5 %, voire 10,6 % en tenant compte du poids des plus gros fonds. Deux FCPR d’une même société de gestion ont même enregistré des rendements exceptionnels de 24 % et 25 %.

 

Les FCPR « evergreen » affichent un rendement de 5 %, mais leur jeunesse (trois ans d’existence) invite à la prudence. Quant aux autres FIA, leur performance reste modeste, à 0,3 %. L’étude souligne également que la liquidation des actifs peut prendre plus de temps que prévu, pesant ainsi sur les rendements.

 

Comment se compare le non coté aux marchés boursiers ?

En comparant les rendements annuels sur cinq et dix ans, l’AMF met en évidence un avantage net pour les actions cotées. Sur cinq ans, les fonds actions accessibles aux particuliers ont affiché une rentabilité de 5,2 %, contre 2 % pour les FCPR fermés. Le CAC 40, dividendes réinvestis, atteint quant à lui 12,9 % sur la même période, soulignant la performance supérieure des marchés cotés.

 

Les FPS et FPCI, malgré leur barrière à l’entrée élevée, se démarquent par des rendements intéressants, atteignant 7,5 % et 6,4 % en médiane. Toutefois, leur performance varie selon la méthode de libération du capital : les fonds avec appels progressifs réalisent de meilleurs résultats (7,5 % et 6,4 %) par rapport à ceux libérant le capital en une seule fois (2,7 % et 4,4 %).

 

L’impact des frais sur la rentabilité

Les frais de gestion et autres coûts associés à ces fonds sont un facteur clé à prendre en compte. L’AMF relève une forte disparité selon les catégories. Les FIP affichent les frais les plus élevés, avec une médiane de 2,8 %, oscillant entre -6,3 % et 7 %. Les FCPI se situent dans une fourchette de 3 à 4 %. Les FCPR, qu’ils soient evergreen ou non, présentent des frais allant de 1,75 % à 3 %.

 

Les FPS et FPCI à capital libéré progressivement, qui figurent parmi les plus performants, ont les frais les plus bas, autour de 1,7 %. En revanche, certains FIA en assurance-vie et FPS affichant les frais les plus élevés sont également ceux qui enregistrent les rendements les plus faibles.

 

Un placement à manier avec discernement

Si le non coté continue d’attirer les particuliers, son accès démocratisé ne garantit pas des performances systématiquement attractives. La prudence est de mise, notamment en raison de la faible liquidité et de la grande variabilité des rendements. L’étude de l’AMF met en évidence que, sauf cas exceptionnels, les fonds cotés restent globalement plus performants. Pour ceux qui souhaitent diversifier leur portefeuille, il est donc essentiel d’analyser chaque fonds en détail, en tenant compte des frais et de l’horizon d’investissement avant de se lancer.